Le Pommé dans le temps

19e siècle / Années 1800

Le pommé est un produit de première nécessité, particulièrement en période de disette. Il est né par l’accommodation de restes, tout comme de nombreux autres plats aujourd’hui iconiques tels que la paella, il n’existe pas de recette ni d’origine précise

La naissance et la fabrication du pommé ont donc été spontanés, il s’agissait avant tout d’obtenir un produit conservable, pour « tirer la faim du corps ». Ce produit et ses fêtes sont ceux des « petites gens », dont les savoir-faire sont très empiriques (gestes transmis oralement et en pratique ou autodidactes).

Années 1880

Cette période marque un tournant pour le territoire, avec l’arrivée du chemin de fer et de ses gares (Saint Germain, Saint Etienne, Saint Brice). On peut à présent commercer plus largement et de nombreux produits sont vendus comme le bois et le beurre, ce dernier pouvant ainsi arriver à Paris sans fondre entièrement.

20e siècle / Années 1900

Ce siècle est plus luxuriant, le Coglais s’enrichit. L’arrivée des accordéons diatoniques dans les campagnes, peu coûteux, permet de profiter de la longueur de la cuisson du pommé pour danser. C’est ainsi que les festivités vont petit à petit réintégrer la culture des ramaougeries.

Mais l’augmentation de la richesse des paysans va de pair avec une perte d’intérêt pour les ramaougeries et le pommé, du moins jusqu’à ce qu’on lui trouve de nouvelles vertus comme le rassemblement. Après quoi les villages vont s’organiser pour accueillir chacun son tour les ramaougeries.

Années 1920/1940

La Seconde Guerre Mondiale amène une période de disette, ce qui explique qu’on trouve de nouveau des pommés en nombre. Le beurre rapporte bien et le pommé est consommé à sa place, d’où son appellation de « beurre des pauvres » et l’expression « beurrée d’pommé ».

Années 1950/1960

La popularité du pommé a très fortement chuté, la population est plus aisée. A Saint-Marc-Le-Blanc on fait encore du pommé car le village est plus pauvre, les habitants économisent donc le beurre, et souhaitent continuer la fête.

Années 1970/1980

Les ramaougeries reprennent en 1974 à Saint-Marc-le-Blanc (grâce à l'Association du Coglais). La fête en devient un élément majeur. On demande aux joueurs d'accordéon diatonique (les bouézous), supplantés par les joueurs d'accordéon chromatique après la guerre, de ressortir leurs instruments pour jouer des airs traditionnels et faire danser autour du pommé. Puis après Saint-Marc, Tremblay, Bazouges la Pérouse et bien d'autres villages reprennent le flambeau.

Depuis lors le pommé se développe petit à petit, avec une accélération ces dernières années. Ses qualités gustatives et la création de liens sociaux lors des ramaougeries motivent de plus en plus de bénévoles et professionnels à s’impliquer !

Et aujourd’hui

La production du pommé nécessite une préparation longue, celui-ci est donc habituellement produit en grande quantité. Son processus consiste en une réduction jusqu’à environ ¼ du produit d’origine, ce qui motive plusieurs habitants ou producteurs à mettre leurs ressources en commun. C’est ainsi que le caractère collectif des ramaougeries s’est développé, et autour de ce collectif, une ambiance festive. Soutenues et mise en avant depuis 1974, les ramaougeries sont de plus en plus nombreuses.

Le caractère festif est ce qui permet de relancer la fabrication du pommé ces dernières années. Mais ce n’est pas son seul atout !

Des analyses sensorielles ont permis de qualifier le pommé par différents critères et leurs panels de sous-critères ; l’aspect visuel, la texture en cuillère, l’odeur, la texture en bouche, la saveur et l’arrière-goût. Ajoutées à celles-ci, des analyses nutritionnelles ont confirmé les multiples intérêts du pommé ! Constitué à 100% de pommes, sans ajouts, le pommé est un produit sain et riche en minéraux, fibres et vitamines.

Tout au long du processus de fabrication du pommé, on pourra danser, raconter, conter, jouer et blaguer de tout son saoul. De quoi rassembler plusieurs générations et plusieurs populations dans une bonne ambiance de rencontre et de partage.

Un beau remue-ménage, auquel toutes et tous sont invités à participer !